Description de la ville haute
La montée vers la ville haute
Un sentier en pente raide, fortement défendu, zigzague de la ville basse à la ville haute (voir planche 28). Après deux passages voûtés, il mène tout droit à la porte principale de la ville haute. Les murs tout au long de la partie en zigzag sont faits re rocaille et de brique. Des rocs qui font saillie et des corniches bâties par l'homme resserrent la voie ici et là. Par endroits les murs sont crépis; de temps en temps on peut voir des morceaux de marbre saillir. Des parapets horizontaux, des meurtrières et des couronnements de styles variés permettaient aux défenseurs de la ville haute de tirer sur leurs agresseurs aussi bien de face que de côté. Chaque section de la montée est si étroite et si courte qu'une attaque frontale ou une longue progression en colonne en direction de la porte de la ville haute étaient impossibles. Le sentier gravit la falaise de telle façon qu'il est entièrement exposé aux défenseurs du rempart de la ville haute.
Ceux-ci pouvaient non seulement apercevoir chacune des sections du parcours en zigzag, mais aussi tirer sur tout attaquant éventuel. La difficulté de la montée, si évidente au touriste d'aujourd'hui, était la même autrefois. Il était tout aussi problématique pour un agresseur de prendre d'assaut la porte de la ville haute que pour ses milliers de résidents de se ravitailler en vivres, denrées et matériaux. Tout devait gravir la pente escarpée à dos d'homme ou d'ânes.
Gravure de Baccouel du 19ème siècle
Le portail de la ville haute, comme celui de la ville basse, a un parement de porus (voir planche 30). Encastrée dans le parement, une inscription, «Ici le Christ règne» — copie en plâtre du bloc de marbre original aujourd'hui dans la collection d'antiquités de l'ancienne mosquée. De lourdes bandes de fer ajustées avec des clous carrés renforcent les épais battants de bois — une sécurité supplémentaire contre tout agresseur qui fût parvenu jusque là. Les trous de balles dans la porte montrent qu'elles remplissaient bien jadis cette fonction. De chaque côté du passage, des bancs de pierre; on voit que les bâtisseurs utilisèrent beaucoup de morceaux de marbre antique dans leur construction et dans le pavement du passage. Les pièces donnant sur le passage servaient de résidence aux gardes et de cellules de prisonniers. Aux deux tiers de sa longueur, une lumière vive pleut, qui vient percer l'obscurité du passage: c'est là que les défenseurs pouvaient arroser d'huile bouillante les ennemis qui prenait la cité d'assaut (voir planche 29). Puis, comme on continue, l'obscurité revient. On atteint une voûte en berceau ouverte qui masque quelque peu la vue. Et on débouche soudain sur une place inondée de lumière: c'est aujourd'hui la place principale de la ville haute. Sur les côtés, l'ombre de grands et vieux eucalyptus offre un point de halte bienvenu après la dure montée.

