La conquête du Péloponnèse par les croisés — Monemvassia sous les Francs (1248 - 1263)

A l'instigation du doge vénitien, les chevaliers européens de la quatrième croisade, au lieu de disputer Jérusalem à ses occupants turcs, conquirent Constantinople et mirent à sac l'empire byzantin. L'arrivée des croisés, dit «Francs», inaugura une période plus importante encore pour Monemvassia. Les croisés s'emparèrent sans coup férir de presque toute la Grèce, prenant cités et forteresses et fondant des principautés qui, dans certains cas, se perpétuèrent pendant plus de cinq siècles. Ainsi établirent-ils l'empire latin oriental, le Royaume de Théssalonique, le Duché d'Athènes, et d'autres principautés et duchés sur les îles Ioniennes et Egéennes. Au Péloponnèse, connu pendant tout le Moyen Age et jusqu'au dix-neuvième siècle sous le nom de «Morée», le chevalier français Geoffroi de Villehardouin, originaire de Champagne, constitua la Principauté d'Achaïe et de Morée. Pour son rôle dans la quatrième croisade, Venise reçu trois huitièmes de l'empire byzantin conquis, jetant surtout son dévolu sur des îles, ou elle établit un chapelet de bases jalonnant ses routes maritimes dans la Méditerranée. Rares furent les anciens territoires byzantins qui demeurèrent sous contrôle grec: parmi ceux-ci le despotat d'empire (dans la partie nord-ouest de la Grèce moderne), ainsi que les villes de Corinthe, Nauplie, Argos, et Monemvassia.

Après la perte de Constantinople, les Grecs byzantins d'Asie Mineure commencèrent à consolider leur puissance, et à tenter reconquérir la partie européenne perdue de l'empire byzantin. Les villes qui n'étaient pas tombées aux mains des Francs jouèrent un rôle important dans ces tentatives: cités côtières, elles jouissaient d'un accès facile à la cour impériale, qui s'était établie à Nicée, en Asie Mineure. A la différence des nouveau maîtres de Morée, ces cités commerçantes possédaient leurs propres flottes qui leur permettaient de ravitailler en armes et vivres fraîches les rebelles des principautés franques. C'est pourquoi Geoffroi de Villehardouin et ses successeurs, Geoffroi II et Guillaume, mirent tant d'acharnement à tenter de mettre la main sur ces derniers bastions grecs à Morée. Les Francs conquirent Corinthe et Argos et obtinrent la reddition de Nauplie. Apparemment, la populace grecque considérait les impôts francs moins lourds que ceux des empereurs byzantins. Monemvassia, cependant, refusa de se rendre. Par voie de terre, les Francs assiégèrent le roc et tentèrent de s'en emparer par des assauts directs. Ces efforts s'avérèrent vains, face aux fortifications imprenables, à la volonté de résistance des résidents, à l'appui et au ravitaillement qu'ils recevaient par mer des Nicéens grecs.

Les conquérants d'Europe occidentale avaient introduit le féodalisme en Grèce. Guillaume put ainsi renforcer ses effectifs en ordonnant une levée de troupes de chevaliers francs. De Venise, la plus grande puissance navale en Méditerranée, il reçut des renforts supplémentaires. En prenant le parti de Guillaume, Venise ne servait rien moins que ses propres intérêts. Contre le prêt de quatre navires armés avec leur équipage au complet, Guillaume céda à Venise les ports fortifiés de Modon et Coron (Methone et Korone), deux forteresses importantes de la Méditerranée orientale. Cette entreprise militaire donna aussi à Venise l'occasion d'éliminer l'un de ses puissants concurrents dans le commerce du Levant, et d'obtenir compensation pour les pertes infligées à ses vaisseaux par les pirates de Monemvassia.

En 1246, Guillaume soumit Monemvassia, d'abord sans succès, à un blocus qui devait durer 3 ans. Les navires vénitiens pouvaient, certes, bloquer le ravitaillement par mer de la cité, mais les résidents de Monemvassia avaient accumulé d'amples réserves. La machine de guerre de Guillaume causa des dommages sévères, sans toutefois parvenir à briser la volonté de résistance de la population. Ce n'est qu'à la troisième année du blocus, quand les vivres furent épuisées, et les résidents réduits à se nourrir de chiens et de chats, sans que nul secours fût encore à l'horizon, que la cité se déclara prête à se rendre. Pourtant, quelques désespérées que fussent les circonstances, les résidents ne perdirent rien de leur fierté. Soumis, ils n'étaient pas vaincus, comme l'attestent les conditions de reddition présentées aux Francs par les archontes. Ceux-ci exigeaient que les résidents de Monemvassia puissent conserver leurs possessions et leurs privilèges, qu'ils demeurent exemptés d'impôt ainsi que du service militaire féodal, et qu'ils jouissent plus généralement des mêmes droits que les Francs. Ils acceptaient de mettre leurs vaisseaux à la disposition des Francs, mais aux mêmes conditions que du temps des empereurs byzantins: les Francs devaient verser en contre-partie des émoluments considérables. Guillaume de Villehardouin eut la sagesse d'accepter toutes ces conditions, perpétuant ainsi la tradition byzantine à l'égard de Monemvassia: non content de confirmer les privilèges de la cité, il alla jusqu'à les étendre.

La reddition proprement dite lieu en 1249: les Francs autorisèrent les résidents et leurs notables à émigrer; en guise de nouvelle patrie, l'empereur de Byzance leur offrit la cité de Pegai, sur le Propontide. A dater de la reddition, les princes francs purent se dire les seigneurs de Morée dans son intégralité. Pour l'empereur byzantin à Nicée la perte de Monemvassia portrait un coup sérieux à ses projets de reconquête de la Grèce. Pour Monemvassia, la chute aux mains des Francs signifiait un surcroît d'importance de la ville. De fait, Monemvassia accrut ses territoires sur le continent. Elle devint aussi le siège d'un évêché catholique romain, dont l'évêque vient s'établir dans la cité à côté du métropolite orthodoxe grec.

Pourtant, Monemvassia ne devait pas rester longtemps aux mains des princes d'Achaïe et de Morée. Guillaume de Villehardouin et ses alliés partirent en campagne contre l'empereur byzantin, Michel VIII Paléologue. Celui-ci avait reconquis Constantinople, mettant fin ainsi à l'intermède de l'«Empire latin». L'expédition de Guillaume se solda par sa propre défaite et sa capture, en 1260. Après trois années d'emprisonnement, il consentit à céder à l'empire byzantin les cités et forteresses de Maïna, Mistra et Monemvassia contre sa libération. Ainsi la tutelle des Francs sur Monemvassia ne dura-t-elle que quatorze années; elle ne laissa nulle trace qui soit aujourd'hui discernable.


Lesesaal

Ursprünglich wollten Ulrich Steinmüller und ich unseren Freunden und Besuchern in unserem Haus in Agia Paraskevi/Monemvasia nur einige Informationen über diese Gegend im Süden der Peloponnes geben.

Daraus entwickelte sich dann aber sehr bald unser Büchlein „Monemvasia. Geschichte und Stadtbeschreibung“, das zum ersten Mal im Jahr 1977 auf Deutsch erschien und in den folgenden mehr als 40 Jahren fast 80 000 Mal in den Sprachen Deutsch, Englisch, Französisch, Italienisch und Griechisch verkauft wurde – aber nur in Monemvasia.

Den Verkauf dieses Büchleins haben wir inzwischen eingestellt, möchten es aber auch weiterhin Besuchern und an dieser schönen und historisch so bedeutsamen Stadt Interessierten zugänglich machen.

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